vendredi 25 novembre 2011

Crise haitienne : Message du président à la nation

Trompe-l'oeil : la farce


Hier, le président d'Haiti, Michel Martelly a adressé à la nation un message pour remercier les sénateurs de leur décision de ne pas approfondir le conflit en passant l'éponge sur l'acte illégal perpétré par le président par l'arrestation du député Arnel Bélizaire le 27 octobre 2011 à l'aéroport Toussaint Louverture. Il demande du même souffle aux députés de sursoir sur leurs velléités d'approfondir le conflit et de suivre la décision de sagesse adoptée par les honorables sénateurs. Et, finalement, le chef de l'État appelle les deux autres corps du pouvoir (le législatif et le judiciaire) de s'asseoir afin de prendre des dispositions pour qu'une telle situation ne se répète plus. En outre, il a parlé d'une loi sur les finances en lien avec la décentralisation.

La ruse politique


À brule-pourpoint, tout cela semble élégant. Le président fait en termes voilés des excuses et demande à tout le monde d'oublier ce qui s'était passé et repartir sur de nouvelles bases. À y réfléchir un peu plus, sur quelles bases repartir quand il n'y en avait pas? Les plaies béates qui gangrènent tout le corps de l'État est dans sa phase la plus avancée qui soit; la bonne volonté ne suffit plus, il faut adresser les problèmes méthodiquement. L'appel à une conférence nationale ou toutes autres démarches qui abonderaient dans ce sens nous ferait voir qu'il y ait une volonté manifeste de prendre le taureau par les cornes. Aussi, le message du président est bien trop léger après plus de deux semaines que la faute ait été enregistrée; arrivé peu de temps suite à l'arrestation du député saurait été bien. Le président comme une certaine frange du sénat veule bien continuer à fonctionner à l'intérieur de ses institutions en déliquescence, car, sans doute, ils doivent leur épingle du jeu clopin-clopant. Et la nation qui rêvent d'être cousu de solide fil, où est son intérêt?

Le passé est garant de l'avenir


S'abreuvant aux sources du macoutisme, Rony Julot, ancien chantre duvalieriste et la côterie qui vient avec, ne pourrait produire un meilleur message. Un message qui initiera une rupture véritable avec l'amateurisme politique, de gestion, d'administration, et j'en passe. Duvalier n'avait-il  pas déboisé certaines parties du pays pour que les opposants ne s'y prennent refuge. La ruse, la tromperie comme seule arme politique pour assouvir l'intérieur d'une clique est cette même règle que semble poursuivre ce gouvernement. Durant sa campagne, le président disait qu'il symbolisait la rupture. Avec le retour des conceptions duvaliéristes, est-ce la rupture ou la continuité? L'obstination du retour de l'armé et même des Volontaires de la sécurité nationale ci-devant macoutes du président le 18 novembre 2011 qui serait aujourd'hui réalité, sans le véto des puissances étrangères et d'une certaine frange de la population sous l'impulsion du sénateur Moise Jean Charles, qui a observé plusieurs camps d'entrainement un peu partout dans le pays d'une milice appelée rose, est une preuve combien instructive sur le vrai visage du chef de l'État.


Finalement, peut-on faire confiance à la bonne foi du président. Les affaires de la nation, une nation malade, est-ce une affaire de bons sentiments ou une histoire d'application de méthode d'organisation de l'appareil étatique, de renforcement des institutions, de la revitalisation de l'appareil de production, et j'en passe. Qui nous dit que la prochaine fois Michel Martelly ne ferait pas pire et cette fois-là pour notre péril à tous? Les très Honorables sénateurs êtes-vous à la hauteur de la conjoncture comme l'ont été nos vaillants aieux?



mercredi 23 novembre 2011

Haiti : la mascarade au Sénat

La mascarade, une fin appréhendée


Hier soir au sénat, la montagne a accouché d'une souris. En effet, le rapport commandé par le sénat était on ne plus clair sur la chaine des responsables, en particulier l'implication directe du ministre de la défense,  Thierry Mayard Paul et, par omission d'exercer leurs prérogatives de supérieur hiérarchique, le Premier Ministre, Gary Conille et le ministre de la justice, Josué Pierre-Louis. Ce dernier a donné sa démission avant même la séance d'interpellation. L'une des conclusions de ce rapport est cependant l'interpellation des deux autres dignitaires précités, le fameux point f de ce dernier. Néanmoins, avant que cela soit possible, il a fallu que le sénat l'approuve. Au cours du débat, les sénateurs Youri Latortue et Joseph Lambert ont proposé de rayer le point f. Le vote qui s'ensuit confirmera ce retrait. En conséquence, le Premier Ministre et le ministre de la défense l'a bel et bien échappé bel. Alors, pourquoi les reports incessants si l'intention était d'avance de laisser l'acte odieux d'arrestation du député impuni?

 La démocratie en péril 


 En tout cas, le sénat a fait la démonstration que l'établissement d'un état de droit n'est pas pour demain. Faut-il croire que le président saura tirer leçon de cet évènement? Si c'est le cas, le proverbe chassons le naturel, il revient au galop ne serait plus de mise... Quand cette histoire aura cessé de faire des vagues, on verra par la suite si le président saura se retenir et agir en homme d'état. Le passé étant garant de l'avenir, revoir Michel Martelly faire du tapage à nouveau n'étonnerait aucune personne sensée et imbue du caractère incontournable de la nature humaine. Le chef de l'état, ayant l'habitude de faire des vagues au tour de lui, il ne saura certainement impossible de se retenir. N'est-ce pas que l'habitude est une seconde nature? Que ferons nos honorables sénateurs qui n'ont pas su dès aujourd'hui donner un cadre juridique et administratif contraignant au bon fonctionnement des institutions de l'État? Le rapport déposé au sénat ne montre-t-il pas le dysfonctionnement de l'État haïtien? N'a-t-on pas compris que ce qui s'est passé le lendemain de l'arrestation du député Bélizaire avec la pagaille qu'il y a eu à l'aéroport risquait la fermeture par l'OACI de l'unique port aérien du pays? Sans compter les multiples failles, dont je vous fais l'économie ici, dont souffrent tous les organes de l'État. Tout cela aurait dû amener, tout dirigeant digne de ce nom, de laisser de côté ses intérêts immédiats au profit de l'intérêt général. Il faut croire que le péril en la demeure n'est pas la priorité des senateurs, tels que Youri Latortue, Joseph Lambert et les neufs autres sénateurs qui ont voté pour le retrait du point f.


En guise de conclusion, je dirais : un si grand pays aux mains de si petits hommes. Cet inconscient collectif devrait faire frémir tout vrai patriote. La désinvolture avec laquelle toute cette situation a été traitée ne doit laisser aucune personne sensée indifférente.


http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/rapport_de_la_commission_sp_ciale_d_enqu_te_sur_l_arrestation_du.html

mardi 22 novembre 2011

Affaire Bélizaire : la séance d'interpellation

Aujourd'hui, la séance d'interpellation du ministre de la justice, Josué Pierre Louis, et de son secrétaire, Michel Brunache, est l'agenda du sénat de la République d'Haiti. Le rapport d'enquête sur les responsable de l'acte d'arrestation du député, Arnel Bélizaire, commandé par ce dernier a été et remis au président de ce corps, Rodolphe Joasil. Un autre rapport sur ce même incident a été commandé par le gouvernement et a été remis au Premier ministre, Gary Conille. Somme toute, la lumière a été fait et les coupables ont été clairement identifiés.

En conséquence, la séance d'interpellation devrait normalement aboutir à un vote de censure par le renvoi du ministre de la justice, en particulier. En tout cas, c'est qui devrait se produire en toute logique. Cependant, il ne faut pas s'étonner si tel n'est pas le cas, car Haiti est le pays de toutes les possibilités. Pourquoi serait-ce différent dans ce cas-ci? Il ne serait pas étonnant que la séance soit reportée à une date ultérieure. Toute une batterie d'arguments peut être évoqué : laissons à la chambre des députés le loisir de punir les coupables; il serait beaucoup plus sage d'interpeler d'autres coupables afin de faire cet exercice de vote de censure une fois pour toute, et patati et patata.

Ce qui est triste dans cette histoire, c'est qu'on a un président qui ne sait comment sortir de cette crise; il est engoncé dans sa petite personne et n'arrive pas à faire ce geste magnanime d'inviter les parlementaires au dialogue avec un calendrier de travail afin de remembrer les institutions, soit du point de vue juridique, soit administratif. Il pourrait aussi profiter pour faire en sorte que les procédures administratives soit dorénavant les seules boussoles dans la prise de décision; que la seule caprice d'un homme, quel qu'il soit son rang hiérarchique, ne devrait être la règle. Triste petit pays. dommage.

Voir rapport du sénat:http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/rapport_de_la_commission_sp_ciale_d_enqu_te_sur_l_arrestation_du.html

lundi 21 novembre 2011

Michel Martelly : entre la volonté et l'ignorance

La volonté

Il serait injuste de dire du président haïtien, Michel joseph Martelly, qu'il n'a pas la volonté de voir le pays sortir de l'ornière de la misère. Il y a chez le président une obsession d'une Haïti qui ne soit plus la paria du monde. On a qu'à voir son approche de présenter aux investisseurs les possibilités d'investissement dans le pays dans différents domaine, dont le tourisme pour ne citer que cela. C'est une démarcation nette par rapport à la pratique des anciens gouvernements, qui ne faisaient que quémander auprès des institutions internationaux et les officines des pays occidentaux, dont les États-Unis, le Canada, l'Union européenne, et j'en passe. C'en est une attitude qui veut rompre avec la mentalité de mendicité. Ce qui est sans un apport majeur de ce régime en créant une rupture méthodologique inédite.

L'ignorance

Le président a l'art de se fourvoyer ou se mettre les doigts dans les yeux. Après quatre long mois sans gouvernement, Martelly est arrivé à former un gouvernement qui devait commencer à rendre opérationnelles les promesses électorales de ce dernier. Pendant que vient à peine de se mettre en place, le président crée une crise majeure en faisant le député Arnel Bélizaire, suite à une querelle entre les deux hommes au palais national. Celui-là déclarait en grande pompe qu'il n'accepterait plus que quiconque vienne manquer de respect à la présidence, qu'il possède l'immunité ou pas, il ne sortira pas vivant du palais. Il renchérit que plusieurs membres du corps législatif ne sont que des repris de justice, et patati et patata.


La logique

Où est la logique dans ce geste ? Après avoir passé quatre long mois sans gouvernement, était-ce le moment de provoquer une crise institutionnelle ? Ne serait-ce pas plus de créer toutes les conditions pour que la toute nouvelle équipe gouvernementale puisse commencer à adresser les nombreuses promesses de la campagne électorale, entre autres l'état de droit. À bien y penser, le premier des conseiller de Michel Martelly est Roro Nelson. Quel conseiller imbu de la chose politique aurait pu commettre une faute aussi élémentaire? Il est vrai que Michel Martelly fait partie de la mouvance duvaliériste. Cependant, peu importe son allégeance, s'il avait de vrais conseillers aguerris à la chose politique, il lui mettrait en garde contre la décision d'arrêter le député Bélizaire, car le temps de papa doc et de baby doc est révolu. Si le peuple haïtien a tout perdu mais il lui reste cette conquête du droit à la parole qu'il a gagné au prix de grand sacrifice.

Si le président veut absolument que ce pays fasse un bond en avant, il devrait commencer à mettre de l'eau dans son clairin et s'entourer de gens capables de lui opposer la vérité de l'art de la politique, un art si difficile à appréhender même pour le plus averti analyste ou politologue. Finalement, si le président Michel Martelly continue à prendre ses vessies pour des lanternes, ses promesses risques de rester lettres mortes.


Lyonel Trouillot, La belle amour humaine

Le dernier roman de Lyonel Trouillot, la belle amour humaine, publié chez Actes Sud, a raté de peu le prix goncourt 2011, le plus prestigieux prix littéraire de la francophonie. Dans la dernière ligne droite, Trouillot a été coiffé par un roman typiquement français intitulé l'art de la guerre et, de surcroit, publié par la prestigieuse maison d'édition Gallimard, qui est à la base de ce prix littéraire. Aussi, cette maison d'édition fête son centenaire cette année.

Je ne voudrais pas vous faire un résumé exhaustif du roman de Lyonel Trouillot. Juste succinct. Trouillot met face à face un chauffeur de taxi, Thomas, et une expatriée d'origine haitienne qui retourne sur les traces de son père qui est mort quand elle n'avait que 3 ans. Deux mondes d'origine commune mais de vécus, de statut social, d'univers différents : Thomas vit en Haiti et Anaise à l'étranger. Finalement, au-delà de leur différence, les valeurs humaines sont au-dessus de la richesse matérielle... Voir ses liens pour un résumé plus détaillé ou allez-vous procurer ce p'tit bijou.

http://enfinlivre.blog.lemonde.fr/2011/10/26/lyonel-trouillot-la-belle-amour-humaine/
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2649p093.xml0/
http://www.rfi.fr/france/20111003-belle-amour-humaine-lyonel-trouillot


Notre héritage : les dédales d'un mode de pensée

   Les apories discursives   Les invariants du mode de pensée haïtienne font partie des forces de freinage de tout progrès . L'un de ce...