lundi 5 décembre 2011

Jacques Attali : analyse fondamentale de la crise financière et économique

Dans l'Express du 27 novembre 2011, Jacques Attali a livré une analyse extraordinaire de la crise financière et économique. En quelques mots, il a touché fondamentalement ce qui fait problème dans le système capitalisme. Dans cet article, l'auteur fait une radiographie des problèmes congénitaux du système, tant du point de vue de la circulation que de l'échange des marchandises. L'outil de la circulation des biens est la monnaie qui est une facilitatrice exceptionnelle dans l'échange des biens entre les acteurs économiques. En revanche, les ressources sont limitées: les matières, l'énergie, et j'en passe.

Le besoin insatiable du capital de faire fructifier à l'infini ses profits l'amène à créer des subterfuges par le biais du secteur financier pour multiplier à l'infini la capacité de croître les capitaux. Ce qu'on oublie trop souvent c'est que la contrainte de la rareté,- puisque les ressources sont limitées -, nous impose des choix rationnels: les dépenses des gouvernements ne peuvent pas et ne doivent pas être disproportionnelles, comme l'économie réelle ne peut l'être avec le secteur de la finance. Dans cette perspective, la démocratie qui est , selon Attali, «la meilleure façon de répartir librement des biens publics sous les contraintes de la rareté, comme le marché constitue la meilleure façon d'organiser le libre choix de biens sous la contrainte de la rareté.»

La rareté est donc la pierre angulaire autour de laquelle s'articule tout projet sociétal. Par contre, la nouvelle pensée va à l'encontre de ce principe et montre tout un appareillage qui nous conduit inexorablement vers la perte de la démocratie, vers la dictature des marchés financiers :

Quand le marché oublie cette contrainte de la rareté,
il pousse, par mille moyens, les consommateurs à
s'endetter. Et quand la démocratie l'oublie, l'État
bascule lui-aussi dans l'endettement. Et, quand elles
oublient les limites de leurs missions, les banques
commerciales organisent l'illusion de la disparition
de la rareté et les banques centrales leur fournissent
les moyens. Trop de crédit. Trop d'émission monétaire.

L'enchevêtrement d'un ensemble de conséquences fâcheuses guettent la stabilité de la planète, et la fonction de régulation de la démocratie se réduit au mirage; la liberté dans sa globalité perd son droit au profit d'une oligarchie, dans ce cas-ci financière. L'auteur reconnaît qu'on n'est pas encore rendu là. Néanmoins c'est une tendance forte dans la mesure où la situation évolue dans ce sens. Il propose en contrepartie qu'on change le paradigme actuel pour un modèle qui tiendra compte de la rareté, donc d'une répartition équitable de la richesse. Ainsi, nous pourrons profiter de tous ceux qui ne sont pas rares, tels que les idées, la tendresse, l'amitié, le rire, l'amour. En conséquence, on pourrait évoluer vers le développement de ces biens de consommation.

En guise de conclusion, je dirais que cette analyse est rafraîchissante par rapport à l'ensemble des analyses utilitaires qui pullulent dans la dissertation économique et financière. Comme il existe des lois de la physique, il y en a aussi du social, de l'économique et de la finance. La pensée utilitaire ne doit pas avoir le monopole de la pensée. Autrement, l'humanité court à sa perte.

dimanche 4 décembre 2011

Attaly rebondit

Dans mon billet «euro: vivra ou mourra» sur la prédiction de Jacques Attali de la disparition de l'euro d'ici Noël, je disais, suite à l'entente du 9 décembre des 26 pays de l'Union européenne, à l'exception de la Grande-Bretagne, que ce traité répondait à la troisième mesure proposée par le professeur Attali, et je me demandais si les prédictions de l'effondrement de la monnaie européenne tenait encore suivant son analyse. Dans un billet signé par l'auteur dans l'Express, sans infirmer ni confirmer son pronostique, n'est pas moins pessimiste sur la capacité de l'Europe à repenser l'avenir. L'accord de Bruxelles, selon lui, ne fait que démontrer que l'État est une vache à lait des grandes institutions financières, que le problème de l'euro reste entière.

Les 7 mesures qu'aurait décidé l'accord de Bruxelles, dont 4 nous intéressent ici, nous fait montre la nécessité d'un nouveau contrat social. Une des mesures est que les «États solides de l’Euro zone garantissent les prêts des banques commerciales»; l'autre ces dernières peuvent emprunter à la BCE (Banque centrale européenne) à un taux dérisoire et prêter à un taux très élevé à ces mêmes États. Ensuite, une mesure corollaire à cette dernière, c'est que les emprunts des banques ne sont assujettis à aucune condition. Finalement, cette mesure n'entrera en vigueur qu'en 2013. En revanche, toutes les mesures d'austérités qui seront imposées à la population auront été la conséquence du renflouement des caisses des banques et l'acceptation par les États d'augmenter la dette publique pour y arriver.

En plus de subir les contrecoups de la gabegie financière, il revient à la population encore de faire face aux réductions des services et à l'augmentation de ses impôts et taxes. Tout bien considéré, les mesures de croissance économique sont le cadet des soucis des dirigeants étatiques; la population est tributaire des caprices de la finance. C'est dans cette perspective qu'un nouveau contrat social est inexorablement nécessaire pour le bien-être de l'humanité, car cette façon de voir la réalité aujourd'hui est fatale pour l'avancement de l'être humain, vu les nombreux problèmes environnementaux et ses corollaires.

Notre héritage : les dédales d'un mode de pensée

   Les apories discursives   Les invariants du mode de pensée haïtienne font partie des forces de freinage de tout progrès . L'un de ce...