mercredi 11 janvier 2012

Souvenir du séisme du 12 janvier 2010

Le souvenir du séisme du 12 janvier 2010 me revient à l'esprit aussi bien par l'élan de générosité de la planète tout entier que par la surprise que cela a eu comme effet sur moi. Pendant, au moins deux jours, je n'y croyais pas que cela s'est effectivement produit parce que je n'ai jamais vécu un tel événement et, surtout, on nous a jamais parlé de cette possibilité. Les cyclones étaient monnaies courantes, tandis que, dans ma tête, les tremblements de terre s'étaient l'affaire d'autres endroits de la planète. Quelle ignorance!

Aussi, en dépit de la tragédie, on ne peut éluder l'aspect cocasse de cet événement puisque le président d'alors, en l'occurrence René Préval, est resté dans l'ombre pendant quelques bons mois (disons pour la presse nationale). On a eu vent qu'il était vivant de par les médias étrangers. Et pourtant, la station Signal FM, la seule radio que le tremblement a laissé intacte, émettait à Pétion-Ville. Pendant un mois, cette station de radio était le centre du pouvoir. Toutes les demandes de la population arrivaient et passaient par là. Comme le pouvoir étatique dûment constitué, ce centre de pouvoir momentané était à l'image du pouvoir en temps normal : le peuple aboie, la caravane passe.

Toujours laissé à lui-même, ce peuple était davantage délaissé à lui-même. Quand un président disait sur les ondes de CNN:«My palace collapse»; qu'il était lui-même un sans abri, il y a de quoi rire jaune. Il racontait qu'il était en compagnie de son Premier ministre, Jean-Marc Bellerive, aller faire le tour de la capitale pour voir l'ampleur des dégâts. N'est-ce pas le signe le plus éloquent de la faiblesse de l'État? Les institutions sont-elles uniquement les murs qui les constituent ou la cohésion des membres de l'État constitués en ces institutions? Qui sont ceux qui devaient intervenir dans leur champs de compétence aux divers aspects de cette problématique? On avait l'air de faire face à des apprentis sorciers.

La suite des événements nous ont démontré que le président Préval n'était pas un visionnaire, qu'il ne s'est levé à la hauteur du moment. Encore une fois, Haïti a raté un rendez-vous historique tant au niveau du pouvoir de galvaniser toutes les forces vives de la nation que de profiter de cet élan de générosité manifeste de la communauté internationale. Pendant les premiers moments, ce sont des leaders spontanés, dans leur communauté respective, qui ont organisé le sauvetage des individus pris sous les décombres avec les moyens du bord. Des hommes et femmes, pratiquement sans aucun outil, avec leurs mains, et, à l'occasion, avec des outils de fortune, se sont dévoués à porter secours à leur famille et/ou à leurs voisins.

Un autre signe de la petitesse de René Préval, c'est qu'il n'a jamais consulté aucun secteur de la vie nationale. Il ignorait tous les nationaux et se larguaient à corps perdus dans les bras des étrangers. Ce n'est pas un hasard si Bill Clinton préside La CIRH (La Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti). Pendant ce temps, partout dans la diaspora, des expatriés concoctaient des plans de reconstruction auxquels le président ne portaient aucune attention. La preuve est bien évidente, le chef de l'état a préféré s'adresser au président de la République dominicaine, Leonel Fernandez, pour un plan de reconstruction. Ironiquement, celui-ci lui a transmis un plan qui a été élaboré par des haïtiens.

Aujourd'hui, deux ans après, que beaucoup d'argent aient été dépensés sans de résultats palpables. Rien d'étonnant. Ceux qui ont vraiment profité au malheur du peuple, ce sont encore les mêmes secteurs, soit une frange de l'élite haïtienne et la communauté internationale. La prise de position de Ricardo Seitenfus, un expert de l'OEA, sur la désinvolture des décisions prises dans les instances internationales fait montre que Haïti est une vache à lait pour la communauté internationale. Alors, Où va Haïti?

http://haiti-tribune.blogspot.com/2012/01/haiti-deuxieme-anniversaire-du-seisme.html
http://haitirectoverso.blogspot.com/2010/04/la-cirh-decidera-de-lutilisation-de.html

mardi 10 janvier 2012

Haïti : deuxième anniversaire du séisme

Je voulais trouver quelque chose à dire sur le séisme qui s'est passé en Haïti deux ans après. Je regardais du côté économique, je ne voyais que le pays battre la mesure sur place; les conclusions des organismes internationaux ne me paraissent qu'une vaste opération de mensonges sur l'évolution positive du pays après cette hécatombe. L'unique but de ces rapports est de conserver les postes des fonctionnaires internationaux. Rien d'autre. Depuis 40 ans, les mêmes paroles circonstanciées, à chaque malheur, d'experts internationaux sur le progrès pendant que le pays dégringole dans l'abîme.  

 Que de parler des chiffres avancés par ces instances internationales, je préfère vous suggérer la lecture du roman de makenzy Orcel, Les immortelles, paru chez Mémoire d'encrier. Mon but ici n'est pas de vous faire le résumé du livre, mais tout simplement vous le suggérer pour, en quelque sorte, commémorer dans la réflexion le deuxième anniversaire du tremblement de terre. Le roman est une sorte d'éloge aux prostitués qui égayent la ville, dans le quartier de la Grand-Rue. L'histoire de Shakira, qui a quitté son nid familial parce qu'elle a été abusée par son beau-père, et sa mère qui est restée impassible face aux forfaits de son mari. Loin du cocon familial, Shakira a choisi le métier de prostitué parce qu'elle pouvait trouver la liberté, la liberté de se donner à qui bon lui semble. Elle ne voulait pas être l'esclave d'un homme comme sa mère.

Dans ce drame, le séisme n'est qu'un autre malheur parmi toutes les misères de la population. Shakira a rendu l'âme sous les décombres, mais elle a permis la rencontre entre la mère adoptive, celle qui l'a initiée à la prostitution et, la mère biologique, celle qu'elle ne voulait pas ressembler. Le symbole de la femme dans ce roman est une métaphore de la misère de ce pays meurtri par ses propres fils. Dans un pays où les êtres humains vivent dans des conditions infra humaines, où le respect des droits les plus élémentaires sont piétinés, ceux des prostitués le sont encore moins. Le séisme sous la plume de l'auteur est un euphémisme de la misère de ce coin de terre appelé Haïti.

 http://www.cyberpresse.ca/arts/livres/201012/17/01-4353300-makenzy-orcel-le-jour-ou-les-bordels-sont-tombes.php

Notre héritage : les dédales d'un mode de pensée

   Les apories discursives   Les invariants du mode de pensée haïtienne font partie des forces de freinage de tout progrès . L'un de ce...